World-Wide-Wave - Mémoire de recherche en archéologie des médias
Les débuts d’Internet semblaient annoncer l’avènement d’une place publique électronique, globale et connectée, promesse de plus de démocratie, de participation et de pouvoir pour la société civile. Malgré l’utopie qui a accompagné son émergence, Internet et le projet émancipateur qu’il semblait porter a échoué. Le « réseau des réseaux » est devenu un outil de contrôle asservi aux États et aux grandes entreprises. Depuis le début du XXIe siècle, Internet s’est progressivement mué en aspirateur à données aux mains de quelques grands monopoles, qui ont « fait de l’expérience humaine leur matière première », ce que Shoshana Zuboff appelle le capitalisme de surveillance. Aujourd’hui, on assiste à une recentralisation très forte des soubassements technologiques d’Internet et du numérique. Le Big Data, l’intelligence artificielle, supposent des infrastructures de calcul et de stockage énormes, qui sont extrêmement difficiles à distribuer d’un point de vue technique. Comment retrouver une autonomie dans ce contexte ? Dans ce mémoire de master en archéologie des médias, je souhaite m'inscrire dans cette démarche technocritique en proposant des prototypes de communication questionnant les enjeux de la surveillance et de la soutenabilité de nos outils. Ces prototypes de communication et de transmission ne sont pas seulement des gestes poétiques, destinés à attirer l'attention sur ces alternatives modestes qui manquent encore de visibilité. Je souhaite qu'ils soient fonctionnels et reproductibles par tout un chacun; l'un des moteurs importants de ma démarche étant également le désir de réappropriation de la technique, le détournement de matériel obsolète, l’acquisition de nouveaux savoir-faire, et la réduction de ma dépendance aux services des GAFAM.